La préparation de la retraite est un défi important pour les travailleurs indépendants. Avec des revenus souvent irréguliers et un système de retraite obligatoire moins avantageux que celui des salariés, la nécessité de se préparer un complément de revenus pour ses vieux jours s’impose. Choisir d’épargner avec un PER en vue de la retraite est une option intéressante. Mais est-ce vraiment le meilleur choix pour les indépendants sur le long terme ? Voici un aperçu détaillé du fonctionnement, des avantages et des limites de ce dispositif d’épargne retraite pour les travailleurs non-salariés.

Fonctionnement du PER pour les travailleurs indépendants

Le PER est un produit d’épargne retraite créé par la loi PACTE de 2019, qui vise à simplifier et harmoniser les différents dispositifs existants. Pour les travailleurs indépendants, le PER individuel est particulièrement adapté. Il permet de se préparer une épargne dédiée à la retraite, avec des avantages fiscaux liés.

Le principe est simple : l’indépendant effectue des versements réguliers ou ponctuels sur son PER tout au long de sa carrière. Ces sommes sont investies sur différents supports financiers (fonds euros, unités de compte) selon le profil de risque choisi. L’épargne ainsi constituée sera disponible au moment du départ à la retraite, sous forme de capital, de rente viagère, ou d’un mix des deux.

L’un des principaux atouts du PER pour les indépendants est la souplesse des versements. Contrairement à certains anciens contrats comme le Madelin, il n’y a pas d’obligation de cotisation annuelle. Cette souplesse s’adapte parfaitement à la variabilité des revenus des travailleurs non-salariés.

Le PER permet une liberté de gestion appréciable pour les indépendants, leur permettant d’ajuster leur effort d’épargne en fonction de leur situation financière du moment.

En termes de gestion, deux options s’offrent à l’épargnant : la gestion pilotée, où l’allocation d’actifs est automatiquement ajustée en fonction de l’horizon de placement, et la gestion libre, qui laisse à l’indépendant le soin de choisir lui-même ses supports d’investissement.

Comparaison du PER avec d’autres dispositifs de retraite

Pour déterminer si le PER est réellement la meilleure option à long terme pour les indépendants, il faut comparer aux autres dispositifs d’épargne retraite disponibles. Chaque option a ses propres particularités en termes de fiscalité, de souplesse et de performance potentielle.

PER ou PERP : différences fiscales et de souplesse

Le Plan d’Épargne Retraite Populaire (PERP) était jusqu’à récemment l’un des principaux produits d’épargne retraite pour les particuliers, y compris les indépendants. Bien que le PERP ne soit plus commercialisé depuis octobre 2020, de nombreux contrats sont encore en cours.

La principale différence entre le PER et le PERP est la souplesse des sorties. Alors que le PERP imposait une sortie en rente viagère (sauf pour une petite partie du capital), le PER donne la possibilité de récupérer la globalité de son épargne en capital au moment de la retraite. Cette option peut être particulièrement intéressante pour les indépendants qui souhaiteraient par exemple investir dans l’immobilier ou financer un projet important à la retraite.

Sur le plan fiscal, les deux dispositifs permettent de déduire les versements du revenu imposable, dans la limite de plafonds particuliers. Cependant, le PER permet une plus grande souplesse dans la gestion de cette déductibilité, avec la possibilité de renoncer à l’avantage fiscal à l’entrée pour bénéficier d’une fiscalité allégée à la sortie.

PER ou Madelin : avantages en termes de transmission patrimoniale

Le contrat Madelin était jusqu’à récemment le produit d’épargne retraite de référence pour les travailleurs non-salariés. Bien que présentant des similitudes avec le PER, notamment en termes d’avantages fiscaux, le Madelin se distingue par plusieurs aspects.

La principale différence est l’obligation de versements réguliers imposée par le Madelin, contrainte qui n’existe pas avec le PER. Cette souplesse du PER est un atout pour les indépendants dont les revenus peuvent fluctuer d’une année à l’autre.

En matière de transmission patrimoniale, le PER donne des options plus avantageuses. En cas de décès de l’épargnant avant la liquidation du contrat, le capital du PER peut être transmis aux bénéficiaires désignés, avec une fiscalité successorale potentiellement plus favorable que celle du Madelin.

PER ou assurance-vie : analyse des performances à long terme

L’assurance-vie reste l’un des placements préférés des Français, y compris pour préparer la retraite. Comparée au PER, elle présente l’avantage d’une grande souplesse, avec la possibilité de retirer son épargne à tout moment sans condition.

Cependant, en termes de performance à long terme, le PER peut-être plus intéressant pour plusieurs raisons : une fiscalité plus avantageuse sur les versements, grâce à la déductibilité des cotisations du revenu imposable; une gestion financière particulièrement orientée vers l’horizon retraite, notamment avec l’option de gestion pilotée et des frais potentiellement plus bas, notamment sur les versements

Il faut noter que les performances passées ne préjugent pas des performances futures, et que le choix entre PER et assurance-vie dépendra largement des objectifs personnels et de la situation fiscale de chaque indépendant.

Stratégies d’amélioration fiscale via le PER

L’un des principaux attraits du PER pour les indépendants est dans ses avantages fiscaux. Une utilisation stratégique de ce dispositif peut permettre d’améliorer sa situation fiscale, tant pendant la phase d’épargne qu’au moment de la retraite.

Déductibilité des cotisations du revenu imposable

Le PER donne la possibilité de déduire les versements effectués du revenu imposable, dans la limite d’un plafond particulier. Pour les travailleurs non-salariés, ce plafond est particulièrement avantageux, pouvant atteindre jusqu’à 76 101 € pour l’année 2023 (10% du bénéfice imposable dans la limite de 8 PASS, auquel s’ajoutent 15% supplémentaires sur la fraction de bénéfice comprise entre 1 et 8 PASS).

Cette déductibilité peut permettre de réduire le montant de l’impôt sur le revenu, particulièrement intéressant pour les indépendants soumis à des tranches d’imposition élevées. Il est cependant important de noter que les sommes déduites seront fiscalisées au moment de la sortie du plan.

Gestion de l’enveloppe fiscale Madelin-PERP-PER

Pour les indépendants disposant déjà de contrats Madelin ou PERP, la gestion de l’enveloppe fiscale globale devient un enjeu important. Le plafond de déductibilité est en effet commun à ces différents dispositifs.

Une stratégie d’amélioration peut consister à évaluer le montant des cotisations déjà engagées sur les contrats existants, calculer le plafond de déductibilité restant disponible et utiliser ce reliquat pour effectuer des versements sur le PER, maximisant ainsi l’avantage fiscal global.

Cette méthode permet de tirer le meilleur parti des différents dispositifs en améliorant sa situation fiscale année après année.

Arbitrage entre sortie en capital et rente viagère

L’une des particularités du PER est la possibilité de choisir, au moment de la retraite, entre une sortie en capital, en rente viagère, ou un mix des deux. Ce choix aura des implications fiscales importantes qu’il convient d’anticiper.

La sortie en capital sera soumise au barème progressif de l’impôt sur le revenu pour la part correspondant aux versements déduits, tandis que les plus-values seront taxées au prélèvement forfaitaire unique (PFU) de 30%. La rente viagère, quant à elle, bénéficiera d’un abattement fiscal qui augmente avec l’âge du bénéficiaire au moment de la liquidation.

L’arbitrage entre ces options dépendra de nombreux éléments, notamment la tranche marginale d’imposition au moment de la retraite, les besoins en liquidités pour financer des projets particuliers, l’espérance de vie et l’état de santé et la volonté de transmettre un capital à ses héritiers

Une analyse poussée de ces différents éléments permettra de déterminer la stratégie de sortie la plus avantageuse fiscalement.

Gestion des risques et diversification dans le PER

La gestion des risques et la diversification des investissements sont des aspects importants pour améliorer la performance à long terme d’un PER. Pour les indépendants, dont la situation financière peut être plus volatile, une approche réfléchie de l’allocation d’actifs est particulièrement importante. Le PER est un outil particulièrement adapté pour les indépendants souhaitant trouver un petit investissement qui rapporte sur le long terme en préparant leur retraite.

Allocation d’actifs adaptée au profil de l’indépendant

Les réformes récentes du système de retraite français, avec notamment le recul progressif de l’âge légal à 64 ans d’ici 2030, rendent indispensable pour les indépendants la constitution d’un complément de revenus. Le PER s’impose comme une option attractive grâce à sa souplesse, qui permet d’adapter les versements à l’évolution de la situation professionnelle, et à un horizon de placement plus long favorisant la croissance de l’épargne.

La possibilité de sortie en capital est un moyen efficace de compenser une éventuelle baisse des pensions obligatoires. Par ailleurs, la gestion pilotée du PER facilite une allocation dynamique et optimisée des actifs sur le long terme, répondant ainsi aux risques d’une épargne étalée sur plusieurs années.

Options de gestion pilotée ou gestion libre

Le PER permet deux modes de gestion : la gestion pilotée et la gestion libre. Chacune a des avantages et des inconvénients pour les indépendants :

Gestion pilotée Gestion libre
Allocation automatiquement ajustée selon l’horizon de placement Liberté totale dans les supports d’investissement
Moins chronophage, adaptée aux indépendants peu familiers avec la finance Nécessite des connaissances financières et un suivi régulier
Risque de sous-performance par rapport à une gestion active aboutie Potentiel de surperformance pour les investisseurs avertis

Le choix entre ces deux options dépendra largement du temps que l’indépendant peut consacrer à la gestion de son épargne et de ses compétences en matière d’investissement.

Stratégies de désensibilisation progressive du risque

La désensibilisation progressive du risque est une stratégie pour sécuriser son épargne retraite à l’approche de l’échéance. Elle consiste à réduire graduellement l’exposition aux actifs risqués pour privilégier des placements plus sûrs.

Une approche courante est la règle dite « de l’âge ».

La part d’actifs risqués (principalement actions) dans le portefeuille est égale à 100 moins l’âge de l’épargnant.

Ainsi, un indépendant de 40 ans pourrait avoir 60% de son PER investi en actions, tandis qu’à 60 ans, cette proportion serait réduite à 40%. Cette règle, bien que simpliste, donne un cadre de référence pour ajuster son allocation d’actifs au fil du temps.

Il faut noter que la désensibilisation ne doit pas être trop brutale, au risque de passer à côté d’opportunités de croissance dans les dernières années avant la retraite. Une approche progressive et équilibrée reste indispensable.

Influence des réformes retraites sur l’attractivité du PER

Les réformes successives du système de retraite français, notamment le recul progressif de l’âge légal à 64 ans d’ici 2030, renforcent l’importance pour les indépendants de se préparer un complément de revenus. Le PER gagne ainsi en attractivité grâce à sa souplesse, qui permet d’ajuster les versements selon la situation professionnelle, et à un horizon de placement prolongé donnant plus de temps pour faire fructifier l’épargne.

La possibilité de sortie en capital aide également à compenser la baisse possible du taux de remplacement des régimes obligatoires. Dans ce contexte, la gestion pilotée du PER devient un atout principal, assurant une allocation d’actifs optimisée sur le long terme devant la durée d’épargne allongée.

Cas pratiques : scénarios de retraite avec le PER

Trois cas pratiques illustrant différentes situations professionnelles permettent de mieux évaluer l’influence du PER sur la retraite du travailleur indépendant.

Simulation pour un consultant IT freelance

Sarah, 35 ans, consultante IT freelance avec un revenu annuel de 70 000 €, souhaite anticiper sa retraite. En versant chaque année 10 % de ses revenus (soit 7 000 €) sur un PER, avec un rendement moyen estimé à 4 %, elle pourrait accumuler environ 420 000 € à 65 ans. Ce capital lui donnerait une rente viagère mensuelle d’environ 1 400 €. Un exemple concret de la manière dont un travailleur indépendant peut se préparer un complément de retraite solide, en profitant d’un cadre fiscal avantageux.

Projection pour un artisan du bâtiment

Marc, 45 ans, artisan plombier gagnant 40 000 € par an, souhaite partir à la retraite à 62 ans. En épargnant 15 % de ses revenus (6 000 €) chaque année sur un PER avec un rendement prudent de 3,5 %, il pourrait accumuler environ 150 000 €. En choisissant une sortie mixte, il disposerait d’un capital de 75 000 € à investir et d’une rente mensuelle d’environ 250 €, complétant ainsi sa pension. Ce plan illustre comment le PER offre souplesse et préparation adaptée pour une retraite anticipée.

Analyse pour un avocat en libéral

Claire, avocate libérale de 50 ans, souhaite maximiser son épargne retraite. En versant 25 000 € par an sur un PER avec un rendement estimé à 4,5 %, elle pourrait accumuler environ 600 000 € à 67 ans. Ce capital lui assurerait un complément de revenu mensuel d’environ 2 500 €, en plus de sa pension de base.

Ces trois cas illustrent la souplesse du PER, qui s’adapte aux profils et objectifs variés des travailleurs indépendants, qu’il s’agisse de retraite anticipée, d’amélioration fiscale ou de complément de revenu.

Il reste nécessaire de réviser régulièrement sa stratégie d’épargne pour garantir son adéquation aux objectifs à long terme.